Antoine Ravard, premier secrétaire du Parti Socialiste des Côtes d’Armor
Émission du 12 mars 2024. Antoine Ravard, premier secrétaire du Parti Socialiste des Côtes d'Armor, était l'invité politique de la matinale de Bretagne 5, ce mercredi.
Il a abordé plusieurs sujets d'actualité, dont la proposition américaine pour un cessez-le-feu de 30 jours avec la Russie, qui a conduit à un accord à l'issue de longues négociations entre Kiev et Washington, conclues hier soir à Djeddah, en Arabie saoudite. Toutefois, Antoine Ravard a souligné la nécessité de faire preuve de prudence quant à la mise en œuvre de cet accord, rappelant que bien que l'Ukraine l'ait accepté, il reste conditionné à l'accord de Moscou. Plus largement, il a commenté la situation internationale, notamment la politique de la Russie et des États-Unis dans le cadre de la guerre en Ukraine. Selon lui, il est impératif que l'Union européenne participe activement aux futurs accords de paix, afin d'assurer une paix durable et équilibrée. Il a insisté sur l'importance de la coopération européenne dans ce contexte, soulignant que la guerre en Ukraine ne concerne pas seulement les belligérants directs, mais a des répercussions profondes sur l'ensemble du continent européen.
Antoine Ravard s'est également longuement exprimé sur la situation politique en Europe, particulièrement en ce qui concerne la pression exercée par les États-Unis sur les échanges commerciaux, ainsi que sur les questions de défense. Il a notamment commenté la position de Donald Trump, qui semble vouloir réduire, voire abandonner l'idée d'une protection de l'Europe via l'OTAN. Selon Antoine Ravard, cette situation pourrait constituer une opportunité pour l'Union européenne de renforcer sa propre politique de défense, en mettant en place une armée européenne. À ce sujet, il a rappelé que le Parti Socialiste défend cette idée depuis de nombreuses années et a exhorté l'Europe à "devenir adulte et à assurer elle-même sa défense", afin de répondre aux ambitions expansionnistes de Vladimir Poutine. Le premier secrétaire du PS des Côtes-d'Armor a salué l'initiative du président Emmanuel Macron, qui a proposé une réflexion sur la création d'une architecture de défense européenne. Selon lui, la France pourrait jouer un rôle majeur dans cette initiative grâce à sa force de dissuasion nucléaire, mais aussi à la coopération avec la Grande-Bretagne, qui dispose également d'une force de frappe nucléaire. Concernant la dissuasion nucléaire française, Antoine Ravard a rappelé la position historique du Parti socialiste, qui considère que la décision d’utiliser la dissuasion nucléaire doit rester exclusivement dans les mains du chef de l’État. Ce principe, hérité du général de Gaulle, s'appuie sur une doctrine de dissuasion qui reste suffisamment flexible pour permettre une coopération européenne en matière de défense. Il a par ailleurs dénoncé l'extrême droite, ainsi qu'une partie de la droite, qu'il accuse de se soumettre aux volontés de Vladimir Poutine. Selon Antoine Ravard, cette attitude est dangereuse pour la sécurité de l'Europe. Il a également abordé la question du financement de la défense, en avertissant que "l'augmentation du budget de la défense ne peut pas se faire au détriment des budgets consacrés aux services publics ou à la solidarité nationale", en référence aux propos du Président de la République, un point sur lequel le Parti Socialiste se montre fermement opposé.
Antoine Ravard a également évoqué les guerres hybrides menées par la Russie sur le continent européen, notamment à travers les réseaux sociaux et les ingérences dans les affaires politiques de plusieurs États, y compris la France. Selon lui, ces actions visent à affaiblir la cohésion européenne et à favoriser la montée des idéologies d'extrême droite. Il a dénoncé ceux qui, en France, véhiculent ces idées, estimant que de tels discours "favorisent notre défaite morale, politique, et peut-être, demain, militaire". Sur la scène internationale, Antoine Ravard a critiqué la politique économique et géopolitique de Donald Trump, notamment sa volonté de mener une guerre commerciale contre le Canada, le Mexique, la Chine et l'Europe. Cette approche, selon lui, a des répercussions négatives sur l'économie américaine et des conséquences internationales profondes.
Au niveau de la politique intérieure française, Antoine Ravard a réagi au départ de Martine Aubry de son poste de maire de Lille. Il a salué son immense carrière politique et son engagement au sein du Parti Socialiste et pour sa ville, et qui a choisi de passer la main un an avant les élections municipales. Il a également abordé le Congrès national du PS, prévu pour juin prochain, soulignant l'engagement d'Olivier Faure à la tête du parti. Antoine Ravard a rappelé qu'Olivier Faure, qui brigue un nouveau mandat de Premier Secrétaire, a été déterminant pour reconstruire le PS après plusieurs défaites électorales et pour restaurer la confiance avec les militants et les électeurs. Il a insisté sur l'importance pour le Parti Socialiste de définir un programme cohérent lors du Congrès, et d'éviter toute "guerre des chefs", afin de concentrer les efforts sur la reconstruction politique et idéologique du parti. Antoine Ravard a aussi rappelé l'importance du terrain, en particulier dans les Côtes-d'Armor, où le PS dispose d'une forte implantation locale avec de nombreux élus impliqués dans leurs territoires. À l'approche des prochaines élections municipales, il a souligné la nécessité de renouer avec les préoccupations des citoyens et de garantir un débat politique serein, centré sur les idées et marqué par la rationalité, pour lutter contre la montée de l'extrême droite.